Le secteur de la construction de maisons individuelles fait face à une crise immobilière croissante, comme le révèle une analyse approfondie réalisée par le ministère de la Transition écologique fin 2023. Selon les données et les études statistiques du ministère, les ménages engagés dans des projets de construction ont constaté une hausse significative des coûts en 2022. Cette augmentation est due en partie à l’inflation ainsi qu’à l’application de la réglementation environnementale (RE 2020). Ces facteurs préoccupants engendrent des inquiétudes pour l’avenir du secteur immobilier en 2024, qui est déjà fragilisé.
Une hausse des coûts de construction
En 2022, le coût moyen pour construire une maison s’élevait à 209 600 euros, pour une surface habitable moyenne de 121 m². Cela représente une augmentation de 9,1% par rapport à l’année précédente, qui avait déjà enregistré une hausse de 4,2%. Parallèlement, les prix des matériaux de construction ont connu une augmentation considérable. Par exemple, les ossatures et charpentes métalliques ont vu leurs prix grimper de 41,1% et les fermetures de baies en aluminium de 31% entre décembre 2020 et janvier 2023, selon la FFB (Fédération Française du Bâtiment).
Bien que cette dynamique se soit atténuée en 2023, elle a eu des conséquences notables sur les entreprises de la filière, qui ont dû réviser leurs tarifs et sacrifier leurs marges.
Des difficultés pour accéder aux prêts immobiliers
Outre l’augmentation des coûts de construction, les professionnels du secteur font également face à un autre défi : l’accès de plus en plus complexe aux prêts immobiliers pour les ménages. Entre janvier 2022 et janvier 2023, le nombre de crédits octroyés par les organismes prêteurs a chuté de 23,25%. Cette diminution a entraîné une baisse de 14% des projets de construction de maisons individuelles aboutis en 2022 (137 000 projets contre 160 000 en 2021).
Cette situation est d’autant plus préoccupante que les terrains, nécessaires pour la construction de maisons, ont également vu leurs coûts augmenter de 5,5% en 2022, selon les données de la FFB. En Île-de-France, les prix des terrains ont même augmenté de 9,8% par rapport à 2021. Ainsi, en moyenne, les ménages ayant concrétisé leur projet de construction ont dépensé 293 400 euros en 2022, pour la maison et le terrain, soit une augmentation de 8% par rapport à l’année précédente.
Des perspectives sombres pour 2024
Malgré la légère baisse des coûts des matériaux de construction en 2023, les taux d’intérêt ont continué à augmenter, ce qui a un impact considérable sur le pouvoir d’achat des ménages. Selon Grégory Monod, président du Pôle Habitat de la FFB, cette augmentation des taux d’intérêt a entraîné une réduction de moitié du nombre de maisons individuelles vendues. Il met en garde contre une crise qui pourrait rivaliser en importance avec celle des années 1990.
De plus, depuis le 1er janvier 2024, le prêt à taux zéro (PTZ) ne peut plus être utilisé pour financer la construction d’une maison individuelle. Cette nouvelle mesure vient compliquer davantage l’accès au financement pour les ménages qui souhaitent construire leur propre maison.
Une situation critique pour les ménages et les entreprises du bâtiment
Face à ces différentes problématiques, il devient de plus en plus difficile pour les ménages de réaliser leur rêve de construire leur propre maison. Les conditions d’octroi de crédit immobilier se durcissent, les coûts des matériaux de construction et des terrains augmentent, et les taux d’intérêt sont en hausse.
La FFB prévoit une situation potentiellement plus délicate en 2024, avec la hausse des taux d’intérêt et la fin du prêt à taux zéro pour financer la construction d’une maison individuelle.
